Dakota avait une douloureuse envie de liberté, ces derniers temps. Il avait bien voulu aller galoper dans les plaines, s’éloigner un peu de la tribu qu’il chérissait pourtant, s’évader. À ce stade, il ne pensait même pas aux hommes blancs. Mais son père lui avait serré la bride ces derniers temps. Il se sentait comme un animal pris au piège sous le regard constant des hommes du chef de la tribu. Il détestait ça. Il en était venu à avoir une réaction épidermique à chaque fois qu’il croisait un de ces hommes. Et finalement, ses envies de liberté étaient devenues incontrôlable. Comme à chaque fois qu’on lui mettait trop la pression, le cadet du chef du clan voulait fuir. Et c’est ce qu’il fait une nuit.
En silence, discret, sortant tout en réussissant de ne pas attirer l’attention de l’homme qui le surveillait cette nuit, Dakota réussit à atteindre son cheval favori. Il avait quelques petites choses sur lui. La balade allait être longue. Il partait à Saint-Denis, une ville très loin d’ici qu’il n’avait jamais vu. Et peu importe le reste ! Il allait bien revenir dans quelques jours… Alors Dakota s’élance dès qu’il est assez loin pour ne pas attirer l’attention avec le bruit des sabots de son cheval, sans savoir qu’on l’avait déjà remarqué… Il agissait toujours sur un coup de tête, et jamais sans prendre autant de précautions qu’il aurait dû ! Mais quoi qu’il en soit, le trajet se passe sans encombre. C’est long, mais c’est parfait. Il n’y avait rien comme les longs trajets à dos d’un bon cheval.
Lorsqu’il arrive à Saint-Denis, il n’a plus le cheval avec lui, le laissant plus loin pour ne pas se le faire voler. Il ne faisait pas complètement confiance aux hommes blancs. Dakota n’en profite toutefois pas vraiment… parce que soudainement, une foule attire son attention. Il se glisse le long d’un bâtiment pour ne pas s’offrir aux regards de tous. Il n’était jamais venu ici. Il ne savait pas si la ville était en général plus tolérante envers les Amérindiens… ou moins. Il n’avait pas vraiment envie de le découvrir, finalement. Parce qu’au centre de la grande place avait été monté une pitance comme il n’en avait jamais vu. Des hommes attendaient leur dernier moment. Les hommes blancs disaient d’eux qu’ils étaient des sauvages. Quelle blague… Regardez ce qu’ils faisaient.
Un des hommes hurlait son innocence, en pleurs. Et si la plupart semblaient très bien savoir pourquoi ils étaient là, Dakota commençait à se dire que cet homme-là était peut-être vraiment innocent… Il recule lentement, horrifié… et soudainement, sursaute. Parce que son dos avait rencontré un torse. Il se retourne vivement, glissant déjà une main entre les plis de son vêtement pour en sortir un petit canif… mais son regard se pose sur quelqu’un qu’il connaît extrêmement bien.
« …Chogan ?! », s’exclame Dakota, s’étranglant un peu dans ces deux simples petites syllabes. Ok. Chogan le retrouvait toujours, il voulait bien. Mais à Saint-Denis ?! « Qu’est-ce que tu fais ici ?? Qui sait que tu es ici…? »
Son père ? Il espérait que non. Il comptait lui faire croire qu’il avait galopé dans les pleines et dormi à la belle étoile, lui !
« Je t’en prie, n’en dis rien à mon père ! J’avais juste besoin de m’évader et… », commence Dakota, s’arrêtant toutefois bien vite parce qu’une rumeur montait dans la foule plus loin. Il hésite à se retourner. Il n’était pas certain d’avoir envie de voir cette boucherie. « Qu’est-ce que c’est ? Pourquoi est-ce qu’ils font ça…? »
La lueur de la lune se faufile en douceur, entre les arbres qui entourent le campement. Le silence de la nuit règne, percé par les bruits habituels de la montagne. Même lorsque le pénombre fait son apparition, la nature ne cesse de vivre. Le quinquagénaire, qui n’est pas parvenu a trouver le sommeil, s’est assied à l’écart des habitations, à même le sol. Une fourrure sur les épaules il fixe le ciel étoilé, perdu dans ses songes, lorsque soudain un bruit de pas attire son attention. Tournant la tête en direction du bruit, il reconnaît ta fine silhouette, qui s’apprête à quitter le camp. Dakota, l’un des fils du chef.
Il aurait pu t’intercepter et te convaincre de regagner ton tipi, mais contrairement à son père, le chaman à compris que te restreindre n’a pour effet que d’amplifier ton désir de liberté. Chogan ne sort presque jamais du campement, mais pour toi, il serait prêt à faire bien des sacrifices. C’est qu’il t’a toujours beaucoup apprécié, toi, et toute ta famille. D’ailleurs, il se considère un peu comme un oncle auprès de toi. La peur qu’il t’arrive quelque chose est omniprésente, encore plus lorsque tu oses t’aventurer dans les villes. Qui sait ce que l’Homme blanc pourrait faire de toi, ou qu’elles influences néfastes ils pourraient faire naître dans ton esprit ? C’est pourquoi le quinquagénaire n’a pas hésité avant de monter sur son propre cheval et de faire ce long voyage, tout en restant à bonne distance de ton cheval.
Au moment où ils approchent de la plus grande ville de la région, le chaman sens un frisson qui lui traverse la nuque. Cet endroit n’a rien de sur, il en est persuadé. Désormais à pied, il se faufile pourtant derrière toi pour observer cette foule qui s’est rassemblée. Se demandant à quel genre de rituel ils s’adonnent, l’Amérindien se fige sur place en apercevant cette immense potence planté au milieu de la place. Des hommes crient déjà leur innocence et sont totalement ignorés. La foule semble se délecter du spectacle, encourageant même le bourreau à faire son travail.
Apparemment tu semble également troublé par ce macabre spectacle, puisque tu as fait un pas vers l’arrière, entrant en contact avec le torse de Chogan. Tu t’es saisi d’un canif, mais le chaman ne bouge pas d’un poil, te fixant presque sévèrement. Qu’est-ce qu’il fait ici, et qui est au courant de sa présence. Voilà ce qui t’inquiète vraiment ? Ne connais-tu pas déjà les réponses?
«Pourquoi cette ville?»
Se contente de te demander le chaman, d’un ton désapprobateur. Puis il lève la tête, grimaçant devant le spectacle, qui s’offre à lui. Ces hommes ne feront-il jamais preuve d’honneur?
«C’est ainsi qu’ils punissent ceux qui ont désobéis à leurs lois.»
Explique-t-il, calmement. Oh ce n’est pas que les Amérindien n’ont jamais puni de mort quiconque, mais jamais ils n’oseraient le faire de façon aussi dégradante. Il reprend, d’un ton calme :
« Sache que, pour avoir commis une faute dont tu ignores même l’existence, tu pourrais te retrouver a leurs place.»
Il désigne les criminels d’un geste du menton. Le chaman est sincère, les Hommes blancs ont déjà pendu des Amérindiens, rien que pour le plaisir de les humilier avant la mort. Combien d’entre eux n’ont jamais pu trouver la paix ? Combien d’entre eux il a tenté de soigner de blessures mortelles ?
«Mais si tu désirs mieux les connaître, qui suis-je pour t’empêcher de les rejoindre ?»
Il tend la main vers la foule, t’invitant à te joindre à eux. Curieux de voir qu'elle sera ta réaction et jusqu'où tu es prêt à aller pour satisfaire ta curiosité.
(c)Cccrush
Horreur blanche + Chogan
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