La magasin avait reçu une livraison le matin même, et il y avait donc fort à faire. C'est pourquoi Louise était affairée dans l'arrière-boutique, terminant son inventaire et planifiant ses prochaines commandes. Elle était tant à ses pensées et à son organisation, qu'elle n'entendit même pas la cloche de l'entrée tinter pour signaler que quelqu'un entrait. Il fallut qu'on l'appelle pour qu'elle sorte de sa remise, reconnaissant aussitôt une jeune mère de famille de Valentine, venue lui acheter quelques produits. Elle la salua avec un sourire non feint. En bonne commerçante, elle veillait à entretenir de bons rapports avec la populace locale, certes, mais cela ne voulait pas pour autant dire qu'elle n'était pas réellement investie dans certaines de ces relations. En l'occurrence, elle appréciait la femme qui se tenait devant elle, même si elle était probablement un peu trop docile et soumise à son propre goût. Mais... chacun son destin, après tout. Tout en discutant légèrement, elle pesa les produits de sa cliente, additionna les sommes dues et nota chaque item dont elle ne disposait pas actuellement, afin de pouvoir passer commande plus tard. Lorsque la transaction fut terminée, elle raccompagna la cliente jusque sur le pas de la porte, lui souhaitant une agréable journée avant de s'en retourner à ses affaires.
Une fois revenue à l'intérieur, elle ne remarqua pas tout de suite l'intrus. La lumière tamisée du lieu n'était pas tant à mettre en cause que le fait qu'elle ait l'esprit occupé. Elle retourna à l'arrière, pour mieux revenir les mains prises par un sac de toile d'un poids et d'un volume certain. Elle passa entre les comptoirs et étagères aussi gracieusement que possible, veillant à ne rien renverser. Puis, saisissant le couteau qu'elle avait en poche, elle éventra le tissu d'un geste précis, avant de transvaser le contenu du sac dans un grand panier, qui était déjà rempli au tiers d'haricots secs.
Se redressant, elle repoussa une mèche de cheveux de son visage et rangea son outil. Elle s'apprêtait à retourner au stock quand son attention fut retenue par un bruit qu'elle ne remit pas tout à fait. Fronçant les sourcils, elle contourna la rangée d'étagère pour aller voir ce dont il s'agissait précisément, élevant déjà la voix :
« Kenneth, je t'assure que je vais me fâcher si je te prends encore à - » Elle s'arrêta néanmoins tout net, quand son regard se posa sur le visage du shériff. Ah. Quand ce n'était pas un perturbateur, c'était l'autre ! Pinçant légèrement les lèvres, elle lissa légèrement sa jupe du revers de la main, pour se reprendre : « Shériff. Si vous me disiez ce que vous cherchez, au lieu de perturber mon rangement ? »
Le menton haut, elle l'accusa ni plus ni moins, sans détour, ni pincettes. Inconsciemment, cela lui permettait de prendre la main de la discussion, mais aussi et surtout mettre un peu de distance là où il y en avait grandement besoin. Tout en posant la question, elle laissa son regard filer sur les objets à portée, se demandant ce qu'il pouvait bien être en train de faire...
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Spoiler:
N'hésite pas à me signaler si quoi que ça soit ne va pas ou n'est pas clair
L’odeur des marchandises neuves, des confiseries, et du tabac. S’il n’ose pas l’admettre, Joseph se plais à humer l’odeur du magasin général. Errant d’une rangé à l’autre, il espére que tu remarques enfin sa présence. Au moment de son arrivé, tu étais si absorbée a servir une cliente que tu n’as même pas daigné le regarder. Il s’est donc éclipsé dans les étalages pour prétende observer attentivement ta marchandise. En réalité ce qui l’intéresse, ce ne sont pas les produits que tu as mis en vente. À travers les rayons, le shérif ne t’a pas quitté des yeux. Il longe les étalages, faisant les cents pas, comme s’il se trouvait dans son propre salon. Joseph n’hésite pas à toucher a tout, manipulant les objets mis en vente sans trop de précaution.
Tu en as finalement terminée avec la cliente, mais voilà que tu retournes à tes marchandises, n’ayant toujours pas remarqué cet intrus qui rode dans ton magasin. Amusé, il se penche donc vers une pile de livre et il soulève le plus gros d’entre eux avant de le laisser tomber sur le sol. Le bruit raisonne à travers l’établissement, si ça, ça ne retient pas ton attention, alors rien ne le fera. Il commence à siffloter nonchalamment un air joyeux, avant de continuer à fouiner dans les objets qui se trouvent à porté de main.
Voilà enfin que tu te pointe le bout du nez, croyant d’abord à la présence d’un certain Kenneth, jusqu’à ce que tu lui fasse face. Insolente, tu ne prends aucune pincette pour t’adresser au shérif, qui se redresse tout en affichant un sourire arrogant. Vos regards se croisent, et se fixe un moment avec dureté. À croire qu’un duel se prépare entre vous deux.
«Ah, Madame Miller ! C’est que tu en as mis du temps, bordel ! Mais qu’est-ce qu’un shérif doit faire pour être correctement servi dans c’magasin ?»
Se moque-t-il, avant d’avancer vers toi.
«Putain, t’es sur que c’est pas trop de boulot pour une donzelle ?»
Un sourire nargueur se dessine sur son visage, alors qu’il passe en douceur son doigt sur une étagère légèrement poussiéreuse. Il fait une moue désapprobatrice, avant de s’adresser de nouveau a toi :
«Tu devrais peut-être envisager d’te remarier, nah ?»
Il fait un pas de plus, pour se rapprocher de toi, avant de te balancer un clin d’oeil un brin charmeur. Puis, il semble reprendre son sérieux, sans pour autant s’éloigner de ta personne.
«Putain, j’vais quand même pas m’mettre a jouer les entremetteurs ! Hein ?!
Nah, c’qui m’amène, c’est qu’on m’a signalé la présence de marchandises volées dans c’putain d’commerce. En bon shérif que j’suis, j’suis obligé de venir tout vérifier de fond en comble.»
Il s’approche encore plus près de toi, comme s’il cherchait à te mettre volontairement mal à l’aise.
«Si t’as un truc à déclarer, crois-moi, vaudrait mieux que tu l’fasses tout de suite.»
L’homme de loi te toise visiblement, te fixant du haut de son 1m85. Son regard est planté droit dans le tient, comme s’il espérait te voir flancher et baisser les yeux. L’aîné des Russell a également pris soin d’accrocher son étoile de shérif bien en vue sur sa veste. Tenterait-il de t’intimider, en t’imposant son autorité ? Quoi qu'il en soit, il cherche visiblement à te déstabiliser. Te laisseras-tu prendre au jeu ?
Le bruit sourd qui résonne attire effectivement l'attention de la jeune femme, qui saute aux conclusions. Cependant, ce n'est pas le perturbateur auquel elle pensait, mais un autre. A tout bien réfléchir, elle aurait peut-être préféré que ce fut Kenneth. (Ou pas. Mais cela, elle ne le vous dira de toute manière pas). Elle reprend contenance, maudissant mentalement le sourire qui se fixe déjà sur les lèvres du shériff. Arrogant, exaspérant. Les regards s'entrechoquent, mais elle refuse de baisser le sien, haussant plutôt un sourcil impérieux. Il se moque, s'avance, nargue et accuse. Mais les remarques de ce genre, Louise en a déjà soupé et elles ne l'affolent guère. Même si pour être honnête, cela l'irrite plus qu'elle ne voudrait l'avouer.
« Merci de vous en soucier, mais le jour où il y aura trop de travail, je n'aurais qu'à embaucher à nouveau du personnel. »
Comme s'il s'en souciait le moins du monde... Mais sur le ton du 'merci', elle rappelle à son bon souvenir la possibilité qu'elle embauche à nouveau un noir. Elle sait ses opinions sur le sujet, et toute chose est bonne à prendre quand il s'agit de l'ennuyer en retour, même la plus petite. Malheureusement, l'inverse semble plus vrai, l'envie de lui ôter ce satané sourire du visage à coup de baffes se faisant de plus en plus pressante à chaque geste, chaque mot. Voilà que son magasin est sale et qu'il lui faut se marier. Allons donc. Elle lève les yeux au ciel malgré elle, mais le loup s'approche encore, changeant de sujet. Des marchandises volées ? Une infime fraction de seconde, son cerveau a le réflexe de faire le tour de l'inventaire. Rayon alcool, pour être précis. Mais non, il est impossible que le shériff trouve quoi que ce soit à redire à son stock. Alors, niant l'effet que sa proximité a sur elle, elle pose les mains sur les hanches, secouant la tête.
« Je n'ai jamais rien entendu d'aussi absurde ! »
Elle ne lui ferait certainement pas le plaisir de se montrer déstabilisée. Soutenant le regard planté dans le sien, elle hausse les épaules, feignant n'être aucunement intimidée ou impactée par sa présence.
« Fouillez autant que vous voulez, si vous avez du temps à perdre. » puis, un avertissement pour la forme : « Mais ne me mettez pas le bazar ! »
Esquissant un pas de côté, elle contourne l'homme pour ramasser un livre qui n'a absolument rien à faire par terre, le reposant à sa place sur l'étagère. Devinant qu'il s'agit là de la dernière victime de Russell, elle se retourne vers ce dernier :
« Si les livres vous intéressent, je peux vous en commander un sur les bonnes manières. A supposer que vous sachiez quoi en faire à part les malmener. »
Ton pointu, sourire narquois.
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